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3 octobre 2005 1 03 /10 /octobre /2005 00:00

Chaque naissance est pour moi l'occasion (ou l'obligation) d'une longue réflexion.  La plupart du temps, j'écris beaucoup, comme support de mémoire, mais aussi comme une nécessité.  Et cette écriture est plutôt fort distincte des rapports médicaux désaffectionnés, simplifiés, protocolisés, et donc mensongers.   Parfois, mais c'est assez rare, et sous la forme de remerciements de ce qu'ils m'ont offert, j'offre, à mon tour, au couple une copie de mon texte.

C'est la première fois qu'un couple me fait la proposition de Françoise et François : que l'on écrive, chacunE, notre vécu de cette naissance, et que nous publiions l'ensemble.
Ces deux zouaves ne m'auront rien épargné !

Après s'être rencontrés sur internet (pour eux c'est une habitude, semble-t-il), s'être parfois fripés la carrosserie dans l'une ou l'autre ciber-conversation, s'être réunis comme administrateurs/trices de l' association Carrefour Naissance, réunis entre familles et entre enfants, leur demande d'être accompagnés pour cette naissance s'est transformée en une aventure amicale .

Merci à vous deux
Jean-Claude


L'accueil de Lorenzo

Dimanche, 15 décembre 2002.

Passant par le garage, et entrant dans la buanderie pour aller vers la cuisine, François m'accueille en slip :
- Comme tu vois, je suis déjà en tenue de travail !

Dans la cuisine, sa belle-mère - Babou - tourne, apparemment très calme.
Pour la première fois, mais pas la dernière, elle me demande :
- Tout va bien ?

Je me déchausse et monte à l'étage, avec mes deux valises, le monito et le chauffage d'appoint.  Je dépose le tout dans le couloir et j'entre dans la salle de bain. La pièce est toute en longueur, et le long de la baignoire, ils ont installé un matelas par terre.  La baignoire est remplie d'eau, une bouée flotte négligemment.
Françoise est en position génu-pectorale, la tête appuyée sur un coussin.  Elle se redresse légèrement, et me sourit :
- C'est parti .

Il est 14h00 et la lumière qui tombe de la fenêtre est forte, métallique.
Elle gémit, repliée sur elle-même, brièvement mais parfois plus longuement.

Il installe un autre matelas, à côté du premier, et s'y installe.
Tandis qu'elle se referme sur elle-même, il s'ouvre et l'accueille calmement, sans un geste.  Parfois, son bras s'étend et il la touche d' une main légère.  Contraste de force et de douceur.

Nous parlons facilement.  Quelques banalités : reprise de contact, pour nous resituer les uns les autres dans notre relation.

Pendant qu'il règle une caméra, j'installe silencieusement et discrètement le monitoring.  Quand il est branché et prêt à être utilisé, je la préviens et lui demande de me faire signe quand elle pense que cela ne la dérangera pas trop.
- Maintenant, c'est bien.
Elle m'a répondu automatiquement, sans trop soupeser si, effectivement, cela convient maintenant.  Elle est en demande.

...


Depuis un peu moins d'une heure, je m'imprégnais de l'atmosphère, assis contre le radiateur, sous la fenêtre, à distance d'eux-trois, elle et son bébé encore soudés, lui se détachant par moment, mais revenant se poser et refaire le tout.

Il se lève et sort.  (Comme il le fera les trois fois que j'irai écouter les bruits du coeur de leur bébé, a une heure d'intervalle.)
Les contractions ne sont pas encore très fortes et pourtant, à chacune, elle plonge en elle-même, gémissant légèrement, comme si quelque chose était encore en suspension, n'osant pas encore ...  La position et l' orientation du capteur du monito me disent  que le bébé est encore haut, mais bien placé, tout prêt à s'engager.

Elle boit de l'eau mentholée, par petites gorgées, d'une petite bouteille.  Tout est à portée de main, bien préparé, trop, peut-être.
Il revient avec une pomme et un couteau.  Il coupe et épluche la pomme sur un mouchoir en papier, lui propose un morceau  qu'elle refuse ; il mange, machinalement.  Il reste assis, à 10 centimètres d'elle, les mains, soutenant le mouchoir chargé, posées entre ses jambes croisées.
La contraction suivante est plus forte et entraîne un gémissement plus puissant, venant de plus profond.  Il est comme absent, les mains inertes : c'est lui, maintenant, qui est comme suspendu, le regard vague, et il prend le temps pour entrer dans l'événement.  Je le sens hésiter. Encore.
Le gémissement devient une demande vague.  Il a compris mais reste à distance.
Marchant à quatre pattes,  je viens lui enlever son mouchoir et les restants de pomme, lui libérant les mains, et le mettant, lui, tout entier alors, en mouvement vers elle.
Il la touche.  Elle rejette, crispée.  Il se crispe aussi, revient en arrière, doute quant à l'attitude à avoir.  Il retend la main, la pose à quelques millimètres de sa peau, sur le bas de son dos, l'effleure.  La sent-elle ?  mais, elle s'apaise.

Il plaisante.  Nos paroles se font de plus en plus rares, laissant la place aux gémissements plus rauques et plus longs, et aux silences qui se mélangent à la chaleur humide de la pièce.
Babou se glisse parfois dans la pièce, en entrouvrant à peine la porte, comme un chien curieux qui ne comprend pas et vient se rassurer.  Elle aimerait faire quelque chose pour sa fille.  La libérer de ces douleurs qu'elle connaît, en prendre une partie pour elle-même, tout peut-être, ignorant si elle les supporterait.  Elle est prête à tout, mais n'ose pas.

Son corps tout rond, boule épaisse, bouge peu, et délivre très parcimonieusement des informations sur ce qu'elle vit au-dedans.  J'aimerais qu'elle se lève, qu'elle se mobilise d'avantage, pour me donner des indications.  Elle se redresse, comme si elle avait entendu ma pensée.  De sa position de prière musulmane,  elle se dresse, comme une chrétienne, mais à genoux écartés, et je vois l'épais filament glaireux bien rosé, suspendu, s'écoulant lentement.  Son mouvement entraîne
presque immédiatement une contraction qui l'a fait s'accouder, en biais, au bord de la baignoire.  Le volume de son ventre se réduit, et je peux presque « voir » son bébé pelotonné et contraint sous la puissance de cette contraction.
Ce bébé est gros, contrairement à ce qu'elle m'a dit de ses trois autres bébés.  Et je sais déjà que ça ne va pas être facile pour elle.

Malgré sa nudité, il souffre de la chaleur humide de la pièce, et va régulièrement entrouvrir la porte ou demande de le faire.  Je suis assis contre le radiateur, et pourtant je ne ressens pas cette chaleur, comme si les conditions extérieures n'existaient pas, tendu vers eux, et en même temps le plus absent possible.

Palpant délicatement son ventre, pour bien placer le capteur du monitoring, je sens, par comparaison à il y a une heure, qu'il est
maintenant engagé.  Comme il n'est pas encore revenu, je reste près d' elle, et je lui masse le bas du dos.  En l'étirant , je sens un soulagement, une décrispation de ses hanches, un léger mouvement.

Il est revenu, entre temps, et prends place.  Il la masse aussi, et ses gestes sont plus précis, plus nets. Je les laisse.
Je vais préparer dans le couloir quelques affaires, et reviens les poser dans la salle de bain, là où elles ne gêneront pas.

Je m'absente plus souvent, maintenant, les laissant « faire leur petit » et  trouver entre eux-trois leur propre et juste place : diminuer mon influence, augmenter leur interdépendance .
Je vais retrouver Babou.  La faire parler de ses naissances, de ses enfants.

Lorsque je reviens dans la salle de bain, je constate que, pour la première fois, elle est tournée dans l'autre sens, tête vers le fond de la pièce, et je suis, à nouveau, comme à chaque fois, étonné du corps des femmes prêt à enfanter, s'élargir dans leurs chairs sombres, au bas du ventre, qui laissera bientôt surgir ou glisser l'enfant. Elle a eu des nausées, et s'est rapprochée du seau près de la toilette au fond de la pièce.  Elle est dans les bras, pelotonnée contre le corps, de son homme, et ils ne font plus qu'un.  Nausées réflexes ou aidantes ?

Elle est fatiguée, et cherche de meilleures positions, mais n'est jamais satisfaite.  Elle se couche sur le côté, toujours les genoux fortement écartées.  Mais revient toujours à sa position génu-pectorale, la tête enfoncée dans des coussins entre ses bras.  Comme si elle s'isolait du restant de son corps, le laissant travailler, attendant, mais rejetant en même temps, le moment où elle ne pourrait plus s'en tenir écartée, et devra mobiliser toutes ses forces intérieures .

Ses gémissements deviennent de longs cris, forts.
Babou revient, cachant maladroitement son malaise et son impuissance, lui prenant fébrilement la main.  Mais elle est immédiatement et nerveusement rejetée.  Elle s'en va.

Lui aussi voudrait faire quelque chose.  Je lui indique de venir se placer devant elle, pour qu'elle puisse se redresser en s'appuyant sur lui.  Mais peu de temps après, elle ré-enfuit sa tête au plus bas.  Je la sens se perdre en elle-même.  Elle se tasse, et ses cris deviennent suppliques, tournant en elle, réclamant une aide extérieure.   J'hésite à intervenir.  Je me décide à lui proposer de l'étirer en prenant son bras.  Celui du sens de la rotation du bébé.  Peu de temps après, le mouvement s'accélère et elle sent le besoin de savoir où cela en est.
Je lui propose de « se/le toucher ».   Elle glisse une main sous son ventre.
Elle dit, avec une voix inquiète, perdue, qu'elle ne sent rien.
Sachant que ce ne peut pas être possible, je me déplace vers le fond de la pièce, en le contournant, lui, que je sens aussi perdu, afin d' observer son périnée.  Une forte poussée intérieure le fait bomber.  Et puis encore et encore, de plus en plus.  Elle hurle, passant du grave à l'aigu au strident.  Je propose à l'homme de changer de place avec moi, afin qu'il puisse pleinement et directement accueillir son enfant.  La tête n'est plus maintenu que par les tissus mous du périnée qui sont totalement  tendus et indiquent le volume important.  Suivant le mouvement de défléchissement de la tête de son enfant, elle se redresse un peu soudainement en courbant le dos.  Un visage bleu, complètement fermé, apparaît, dans les mains de la mère et du père confondues.  Mais la femme replonge dans ses coussins avant que l'épaule inférieure, du côté pubien, n'ait eu le temps de se dégager.  Et le bébé reste suspendu, prenant une première goulée d'air, gonflant sa poitrine et augmentant son diamètre.
J'engage la femme à se redresser, mais elle ne peut pas.  Je dois intervenir, et aider l'enfant à dégager ses épaules.  Doucement , je vais chercher son bras, plie son coude, prends sa main, et l'étire,comme tout à l'heure j'ai étiré le bras de la femme . L'enfant glisse entièrement sur les draps accompagné d'un flot de liquide.  Il émet en même temps du méconium.  Il est inerte.  Tout, absolument tout, est arrêté, plusieurs secondes.  L'instant est là.  Je pose la main sur son thorax et perçois les pulsations de son cour.  Je sers fermement ma main pour la relâcher aussitôt, et la déplétion relance sa respiration.  Il pleure peu de temps, tout de suite pris par les mains de l'homme.

Je m'écarte.

Et je savoure, une fois de plus, la confusion et en même temps la précision des premiers mouvements et des gestes des trois corps.
Elle se redresse et s'assied sur une jambe pliée, faisant passer l'autre jambe au-dessus de l'enfant ; il le lui glisse dans les mains.  Le cordon est fort court, et ils adaptent automatiquement leurs mouvements.

Je regarde l'heure, il est 17h33.  Deux minutes à peine se sont écoulées ; un peu plus de trois heures depuis mon arrivée.

Nous parlons dans ces odeurs imperceptibles et pourtant si prenantes, dans ces liquides qui s'écoulent lentement comme le temps, dans cette magie de l'enfantement, ouvre désuète et jamais égalée. Recherche du confort impossible à trouver.  Et les membres s'ankylosent.

Babou apparaît et ne sait plus si elle peut pleurer, rire, parler, ou .
Elle a vu l'enfant accroché au sein.

Les trois premiers enfants reviennent de chez leurs amis et débarquent dans la salle de bain, posant leurs mille questions, tournants comme de petits chatons .

A chaque léger changement de position, je tente d'observer l'écoulement de sang, je palpe le cordon, et lui demande de vérifier elle-même la contracture de son utérus.

Le temps s'écoule encore.  Mais aucun signe anormal n'effleure ma vigilance.  Une dernière chose reste en suspend : la délivrance du placenta.  J'y pense à peine .
Mais pas elle.  Son impatience prend de plus en plus de place.  Et elle demande à l'homme de couper le cordon, de la libérer physiquement, de lui permettre des gestes et des mouvements plus amples, plus libres  ..

Il prend le couteau qui lui a servi a découper la pomme, et il me faut, avant d'intervenir brusquement, me rappeler que cet homme est « François », le « François » à l'humour  aussi cinglant, parfois, qu'à propos ou trop juste, à d'autre moments.
- J'ai préparé des ciseaux, si tu préfères .
Tout en riant de la plaisanterie, il coupe le cordon.  Et prend l'enfant dans ses bras.  Son fils.  Est-ce elle, il y a quelques instants, qui l' a nommé « Lorenzo », sous son regard à peine surpris mais pétillant ?
Qu'est-ce qui émane de lui, de cet homme qui revient de si loin ?  Lui, qui était si perplexe d'une naissance à la maison, il y a seulement quelque mois, et qui maintenant vit cet instant en dehors de tout raisonnement.

Quelques minutes plus tard, comme le cordon saigne encore un peu, il me demande de le nouer.

Elle se redresse et libère sa jambe endormie.
Je lui propose de prendre un bain.

Son impatience devient fort lourde.  Elle parle des contractions qu'elle ressent encore régulièrement.  Est-ce une erreur ?  Je lui propose de l' aider.  Elle accepte d'emblée.
Délicatement, je suis d'un doigt le cordon, et palpe la masse du placenta au travers du col utérin qui se ressert déjà.  Je sens aussi une sorte de fine corde, qui pourrait être des vaisseaux allant vers un cotylédon accessoire.  Je lui demande de se redresser et de pousser et je sens la masse bouger, distendre le col qui se raidit.  Elle pousse encore, et le placenta vient lentement.  Nous observons l'organe.  Il est 19h00.

Reprenant l'enfant qui se remet aussitôt à la téter, elle s'installe enfin.
Puis, elle se retire dans sa chambre.

Je range ce qui doit l'être, faisant disparaître les linges et les papiers rougis, mon matériel.
Babou a fait souper les trois « grands », et m'accueille avec sourire.
Je souperai avec la vieille femme et l'homme, avant de partir ; laissant, là-haut dans la chambre, la plus jeune avec son petit.



A chaque fois, je mesure, après, la pertinence de mes interventions.

Si ma présence est une influence en elle-même, elle peut aussi bien être positive que négative.  Et ce qui peut être positif pour l'unE peut ne pas l'être pour unE autre, ou pour la/le même a un autre moment.  Un regard, un sourire, ma transpiration-même nerveuse ou de fatigue, ma respiration, mes déplacements, mes sorties, mes entrées, . sont des éléments d'influence : un sourire peut « rassurer », maintenant, ou agacer, l'instant d'après. Ma voix, mes paroles, mes gestes, mes touchers en sont d'une autre nature.
Mes objets aussi, relativisés par la manière de les installer, de les manier, et de l'instant pour les utiliser. Mais, surtout, ce qui me semble important, c'est l'intention que j'y mets.  Mes intentions se doivent d'être en rapport avec ce que je perçois d'eux, et non pas seulement avec ce que je vis intérieurement : mes justifications, mes propres angoisses.

Comment pourrais-je moduler mes influences et les ajuster à chaque instants et vis-à-vis de chaque personne présente, sans « connaître » ces personnes auparavant ?  Comment pourraient-elles recevoir mes intentions sans me connaître ?  Comment être dans l'atmosphère sans la construire ensemble ?
Prendre le temps de cheminer ensemble ?

François s'exprime à propos de l'assistance médicale-humaine, lors d'une naissance, qui lui semble indispensable.
Je penses qu'elle peut prendre un grand nombre de forme, mais un très petit nombre seulement peut être juste dans telle situation.  Et il vaut peut-être mieux, parfois, qu'il n'y en ait pas, si elle n'est pas suffisamment mesurée.
Dans certaines situations, il vaut peut-être mieux qu'il y en ait : la femme et/ou l'homme peuvent traduire erronément une situation inconnue. La crainte ou la panique qui s'ensuit peut être salvatrice ou, au contraire, grandement perturber le bon déroulement de l'aventure, et faire prendre des décisions rationnelles inappropriées.
Quoiqu'il en soit, c'est le début d'un choix, très personnel.

Chaque fois, je me demande si le geste-là que j'ai posé était indispensable, et ce qui serait arrivé si je ne l'avait pas réalisé.  Je
suis arrivé à la conclusion, après près de 100 naissances à domicile - dont la tentative de celle de mon fils, et celle de ma dernière fille - qu'il est rarissime qu'une intervention que j'ai faite était vraiment indispensable.  Mais que si je ne les avais pas réalisées, peut-être, tel moment se serait prolongé, telle déchirure se serait étendue, telle douleur se serait plus inscrite dans les mémoires, .

Pour la naissance de Lorenzo, il ne fait aucun doute que Françoise se serait, tôt ou tard, redressée - comme je l'y avais d'abord invité -, favorisant le « démoulage » de son bébé, au risque sûrement de se déchirer, vu la position du bébé à ce moment-là.  Mais, il me fallait compter avec l'influence de ma présence et des attentes/demandes qu'elle mettait en moi.  En acceptant d'être présent, je me devais aussi d' accepter d'agir, peut-être, à tel ou tel moment.

Puis-je conclure ce point avec le mot « facilitation » ?  Mon rôle se limiterait-il à seulement faciliter ?  (Sachant que « rendre plus
facile », ne signifie pas « faire à la place de . », ni même « supprimer toutes difficultés », car il en est qui sont indispensables !)
Ceci est peut-être une réponse au « au cas où » si pervers .

A la fin de son récit, François soulève aussi un autre point, qui me semble très important : celui de l' « accouchement de l'homme ». Si j'en suis arrivé à dire qu'une femme accouche comme elle vit, comme elle EST à ce moment-là dans sa tranche de vie, il en est de même pour les hommes . qui ne sont pas jugulés, par une personnalité accompagnatrice dominante, par des protocoles l'ignorant ou l'évinçant, par des attitudes l'obligeant ou l'écartant .  même avec la plus grande des douceurs et un certain sourire .  Cela acquis, et seulement si, c' est un couple alors qui accouche, comme il vit, comme il EST à ce moment-là dans sa tranche de vie.  (Et il est possible que certains couples ne peuvent accoucher que si les partenaires sont distants l'un
de l'autre.) Mais, dans ces conditions, de quoi l'homme accouche-t-il ?
Son parcours de vie peut être entièrement changé, consciemment ou non. Ou ce peut être une « petite » chose, l'ajustant un peu dans sa vie.  Et s'il faut du temps à la femme pour qu'elle se révèle la mère de cet enfant-là (et non pas ce qu'elle souhaite être par rapport à lui), il en est peut-être de même pour l'homme : du temps pour constater comment les grains de sable se sont déposés lentement au fond du lac, après le bouleversement de la naissance .

Jean-Claude

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commentaires

B
merci pour ces témoignanes. ils sont d'une générosité sans pareil. je n'ai pas d'enfant et n'en mettrai jamais au monde... vous lire me permet de savoir un peu ce que c'est... votre parcours me touche beaucoup. merci.
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T
<br /> Un grand merci à toi, Béatrice, pour ce commentaire.<br /> <br /> Je suis heureuse que nous ayons pu parvenir à communiquer un petit peu de notre vécu et de nos émotions à travers ces récits. Et je suis touchée par le voile de tristesse que je ressens à la<br /> lecture de ce "et je n'en mettrai jamais au monde". Il me semble percevoir qu'il ne s'agit pas vraiment d'un choix, mais je peux me tromper. Sujet fort et bouleversant que celui de l'enfantement,<br /> quel que soit le vécu de chacun(e).<br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br />