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"L'obstétrique traditionnelle consiste à surveiller un phénomène physiologique en se tenant prêt à intervenir à tous les instants. L'obstétrique moderne consiste à perturber le dit phénomène de telle sorte que l'intervention devienne indispensable à l'heure exacte où le personnel est disponible. C'est beaucoup plus difficile." 
Prof. Malinas, gynécologue-obstétricien. Le Dauphiné Libéré, 8 mai 1994.


Le désir de conditions de naissance plus humaines et plus saines relève-t-il de l'inconscience ou de la prise de conscience ?
     L'accueil de l'enfant...


Ce que l'on peut dire de la situation actuelle de la naissance en occident :

Dès la grossesse, voire même dès avant la conception de leur enfant, les parents se trouvent déjà virtuellement dépossédés de leur parentalité. Dépossédés et mis en échec dans leur rôle.

Brièvement exposé, et sorti d'un contexte beaucoup plus large, l'historique de ce constat est simple :
 
A peine pubère, toute jeune fille se voit conseiller de s'en remettre à la médecine  pour tout ce qui concerne la "gestion" de sa fécondité. Cette autorité médicale qui s'exerce sur sa féminité, souvent et rapidement couplée à la prescription d'hormones qui vont en modifier le fonctionnement naturel, va avoir pour conséquence d'empêcher la jeune femme d'entrer vraiment en contact avec son corps et sa fertilité,  et d'apprendre à en décoder le langage.

Suivant cette logique de déresponsabilisation et de méconnaissance, à peine enceinte, la mère "moderne", ainsi que son accessoire décoratif, le père, sont déclarés officieusement en incapacité par rapport à ce fœtus, pourtant porté et nourri par le corps maternel, si mal connu de l'un comme de l'autre. 
Totalement prise en charge par les instances médicales, gentiment infantilisée, culpabilisée au moindre "caprice", personne n’imagine plus, et la mère encore moins que les autres, qu’elle puisse être la première garante et la première responsable de la vie qu’elle porte. 
Prenant bien garde de ne pas lui laisser soupçonner sa puissance  et ses capacités, on la maintient  dans la certitude qu'elle et son bébé vivent une aventure à haut risque, et que leur fragilité mutuelle nécessite une mainmise totale du corps médical sur leur histoire. En contrepartie, les parents se pensent légitimés à exiger de la médecine un résultat parfait dans la prise en charge de leur grossesse et de leur accouchement. Le fameux "risque zéro", qui est une utopie, quel que soient les conditions d'accouchement, mais qui sert de cautionnement direct à n'importe quelle ingérence.

Mais les risques ! Les dangers imprévisibles que représentent la naissance ! ...

Ce discours là, quand vous êtes un parent en attente d'enfanter, vous l'entendez partout.  La nécessité de parer à tout, de vouloir tout contrôler, tout prévoir, tout régenter ... au cas où.  Et pour ce petit pourcentage "d'au cas où", cette petite parcelle d'inconnu qui nous effraie tant, cette confusion délibérément entretenue entre risque réel et parapluie médico-légal, on va enfermer la naissance dans un protocole rigide, codifié, inébranlable, hautement technique, ne s'embarrassant pas de complications telles que l'aspect affectif de l'évènement, ou les désirs personnels de chaque couple.
Un véritable rouleau compresseur se met en marche. Avec les dégâts collatéraux parfois énormes que cela suppose, tant au niveau physique qu'au niveau émotionnel, et tant pour la mère que pour le père et l'enfant, et par extension l'ensemble de la famille. Dégâts d'autant plus grands qu'ils sont généralement minimisés, niés, ou simplement étiquettés "déprimes post-partum", sans susciter le moindre questionnement ou la moindre remise en question des protocoles. Dégâts enfin qui ont une action "en dominos", et vont donc se répercuter à d'autre domaines, compromettant ainsi la relation avec le nouveau-né, et mettant en péril le délicat équilibre de la nouvelle famille : fragilisation des parents dans leur compétences, risque de voir capoter l'allaitement, difficultés d'attachement à l'enfant, mauvaise image de soi, déception refoulée etc ... 

Et le pire de tout, c'est qu'on vous fait croire - en toute sincérité - que tout ça a été mis en place POUR VOTRE BIEN et celui de votre enfant ! Et vous allez le croire, et vous allez même en répandre l'idée avec conviction, perpétuant ainsi cette duperie de génération en génération.
Et pour cause : comme toute perversion, cela se passe si "gentiment" ... C'est le propre de la perversion : faire croire à la victime qu'elle est coupable de se sentir victime, coupable d'ingratitude, et la faire mettre en place elle-même le piège dans lequel elle va se retrouver engluée, plus personne n'étant conscient, au bout du compte, de participer à une manipulation  :-(

 


Ce qu'exigent de plus en plus de parents conscients :

- Que soit redonné à l'accouchement, tant dans l'esprit des parents que dans celui des professionnels, sa place d'évènement avant tout intime et familial. La naissance fait partie de - et appartient à - la vie affective et sexuelle d'un couple, d'une famille.  Elle nécessite à ce titre, et pour en garantir le déroulement serein, que soit préservé autant que possible son caractère privé, quelles que soient les circonstances qui l'entourent.

- Que l'on cesse d'induire chez les couples qui vont enfanter des craintes excessives et irraisonnées - qui justifient tous les abus de pouvoir - en prenant sans cesse pour référence l'accouchement pathologique, qui constitue l'exception, en lieu et place de l'accouchement physiologique, qui représente la norme. 
Statistiquement parlant, c'est un non-sens. Humainement parlant, c'est une prise d'otages et une escroquerie émotionnelle.

- Que la pratique obstétricale évolue vers une pratique factuelle ("evidence-based") et individualisée par rapport au vécu des parents, et que ses actes cessent d'être basés sur des croyances érigées en certitudes et en protocoles rigides et impersonnels.
 De nombreuses habitudes intrusives et néfastes pour la mère et l'enfant pourraient ainsi être évitées, ou en tout cas fortement raréfiées. 
 
- Que soit mieux connue, reconnue et respectée la physiologie de la naissance et des premiers moments de l'attachement mère-enfant, qui ne peut réellement prendre place qu'en-dehors de toute intervention préventive et intrusive : que l'on nomme cela accouchement "naturel", "physiologique", "eutocique", "spontané", "non perturbé" ...  nous voulons établir (et non rétablir, car il n'en a quasiment jamais été ainsi) l'évidence qu'accoucher est un processus qui, dans la majorité des cas, ne nécessite pas d'acte médical, et pour l'accomplissement duquel chaque femme - et chaque couple -  possède les ressources nécessaires.

- Que les parents prennent et ASSUMENT, en conscience, sans culpabilité et sans être regardés comme de dangereux anarchistes ou de doux rêveurs, leur statut de décideurs et d'acteurs, responsables de LEUR enfantement. 

- Que les parents aient la possibilité de choisir de manière éclairée et autonome le lieu et la façon de vivre leur enfantement, ainsi que les personnes, professionnelles ou non, qu'ils désirent à leurs côtés. Nous voulons qu'ils soient soutenus, accompagnés et respectés dans ces choix, qu'ils ne soient pas marginalisés, et qu'ils aient  à tout moment le loisir de changer d'avis sans en être pénalisés ni culpabilisés.

- Que les parents puissent décider en toute connaissance de cause, et pour cela, que cesse la manipulation et la rétention de l'information dans le domaine de la conception, de la grossesse et de la naissance, (notamment la naissance à domicile), qui consistent à ne dire que des demi-vérités, qui sont aussi des demi-mensonges. 
Informer N'EST PAS dire aux gens ce qu'ils doivent penser et choisir ! Informer n'est pas entretenir la peur afin de conforter son pouvoir de contrôle. Informer, c'est se baser sur des faits, c'est prendre le temps d'expliquer, de façon complète et neutre. 
Etre informés est un droit des parents et des patients de manière générale. Informer, et S'INFORMER eux-mêmes,  est également un devoir de la part des soignants.
Nous voulons que circulent l'information et les expériences, et nous nous y employons avec d'autres parents.

-  Que l'on cesse de confondre risque médical réel et garde-fou médico-légal, ce qui est à l'origine d'une confusion regrettable quant à cette notion de "sécurité, et fausse la juste appréciation de l'enjeu dans l'esprit des parents. 

- Que les soignants reprennent la place qu'ils ne devraient jamais quitter : c'est-à-dire celle d'être au service de l'être humain, et non au service d'un protocole ou d'une institution médicale.  Et que leurs interventions, si elles s'avèrent nécessaires, soient effectuées dans le plus grand respect possible de l'histoire et des émotions de chaque couple qui enfante. 

- Que l'on cesse cette insulte à l'humanité qui consiste, en cas de naissance médicalisée, à évacuer la dimension affective de cet évènement au nom de la sacro-sainte sécurité. Sécurité ET empathie peuvent également se côtoyer, et devraient toujours aller de pair chez tout professionnel, tout être humain digne de ce nom. 

- Qu'à tout moment, en cas de naissance médicalisée,  les professionnels INFORMENT les couples de la situation qui est la leur, sans omettre une possibilité en faveur d'une autre par préférence personnelle ou par facilité, qu'ils CONSULTENT les parents, et ne se substituent pas à eux,  lors de toute prise de décision concernant leur santé et la naissance de leur enfant.

- Que l'institution médicale (maternité, hôpital, clinique) et ses représentants reprennent leur rôle premier et unique, qui est de ne traiter que les urgences et les pathologies. La naissance n'étant pas, à priori, une pathologie, il n'y a aucune raison pour en influencer le déroulement par des mesures protocolaires préventives. Ces mêmes mesures "préventives" devenant bien souvent des causes iatrogènes aux complications qu'elles étaient censées éviter ...

-Qu'en structure médicale, les parents ayant vécu des difficultés d'enfantement (césarienne, extraction instrumentale, maladie ou décès d'un enfant, expériences difficiles) soient écoutés, considérés et reçus dans leur souffrance, leur besoin d'exprimer leurs émotions et leur déception, et leur droit d'obtenir des explications et d'avoir accès à leur dossier médical.

En corrolaire de tout cela, les parents, ainsi rendus à leur conscience et leur responsabilité, doivent accepter d'assumer les conséquences des choix qu'ils ont posés en toute connaissance de cause, et ne pas chercher à en déléguer la responsabilité à des tiers.
Ils doivent réaliser et accepter que les professionnels sont également des humains, respectables ... et faillibles, et qu'accueillir la vie signifie aussi parfois accueillir la douleur, la souffrance, la maladie ou la mort.

Ce n'est qu'à ces conditions que les compétences des professionnels  seront mises au service de l'accompagnement respectueux des nouveaux-nés et des couples qui enfantent, et non au service d'une médecine souvent dirigiste, paternaliste et déshumanisée, toute empreinte de bonne volonté qu'elle soit.
Et ce n'est qu'ainsi que parents et professionnels pourront établir une relation saine, empreinte de considération  - et pourquoi pas de confiance - mutuelles.

 

Ce que nous ne sommes pas :

Afin d'éviter tout réductivisme simpliste et toute récupération de ces idées, je précise que les parents qui y adhèrent ne sont pas :

  Passéistes et rétrogrades
Le concept de naissance respectée et naturelle tel que nous l'entendons n'est pas un retour à l'âge des accouchements sur terre battue, au milieu des mouches et des incantations de matrones aux mains sales. Il s'agit d'en venir à une conception de la naissance qui n'a jamais été à l'honneur : la reconnaissance de la puissance, de la compétence et de l'autonomie de la femme et du couple dans leur enfantement, et le recours à la technologie rétabli dans de justes proportions.

 Irresponsables et Inconscients
L'ensemble de cette rubrique, ainsi que les nombreux liens que nous mentionnons à ce sujet sont là pour vous démontrer, information et études à l'appui, qu'il n'est pas irresponsable et inconscient d'accoucher chez soi ou de refuser un recours outrancier à la médicalisation. Il s'agit simplement de remettre les choses à leur juste place et de ne plus jouer sur les peurs pour conforter un pouvoir en place et alimenter naïvement les juteuses affaires des multinationales de la santé.

 Egoïstes et égocentriques 
Nos enfants, et la préoccupation de leur bien-être et de leur intégrité physique et psychologique, se trouvent précisément au centre de notre démarche. Il ne s'agit pas de "caprices", mais de modifier fondamentalement notre approche de l'accueil du nouveau-né.

Fanatiques, religieux ou sectaires

Nous ne faisons partie et ne défendons aucun mouvement religieux, philosophique ou sectaire, quel qu'il soit. Notre pensée est absolument libre de toute influence "unique", et notre seul credo est que tout être humain devrait user et abuser de sa responsabilité individuelle, et mettre en oeuvre le principe du choix éclairé dans tous les domaines de son existence.

Françoise Jeurissen - Tinuviel
Février 2004

 

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Published by Tinuviel - dans ENFANTER