Trouvé sur
Infokiosques.netAdresse à diffuser et rediffuser largement !
Je ne sais pas si vous connaissez ce principe : Infokiosques ...
Moi, j'avoue que j'étais passée à côté jusqu'à présent. Et pourtant, ça correspond vraiment à ma vision des choses concernant la "propriété" intellectuelle, le droit d'auteur, la diffusion de l'info et de la pensée, et toutes ces sortes de choses ...
Je vous laisse lire ce quoi il s'agit ... et j'installe mon petit kiosque ;-)) :
Qu’est-ce qu’un infokiosque ? mis en ligne le 15 août 2003.
Cette société nous pose question, nous empêche de vivre. Parfois elle nous fait vomir, toujours elle nous révolte. Capitalisme, patriarcat, rapports de domination, désastres écologiques, forces étatiques, de quoi faire frémir toute notre bile. Parfois nous voudrions cultiver cette bile, comment dire, l’approfondir, la relever, la garnir de données, d’arguments, d’idées d’action. Mieux connaître ce que nous critiquons pour mieux savoir ce que nous vomissons et comment nous le vomissons.
Alors nous nous auto-organisons et nous montons un infokiosque, une sorte de librairie alternative, indépendante. Nous discutons des publications, brochures, zines et autres textes épars qui nous semblent intéressants ou carrément nécessaires de diffuser autour de nous. Nous les rassemblons dans cet infokiosque, constituons ainsi nos ressources d’informations, et les ouvrons au maximum de gens. Nous ne sommes pas les troupes d’un parti politique, ni les citoyen-ne-s réformateurices de nos pseudo-démocraties, nous sommes des individus solidaires, qui construisons des réseaux autonomes, qui mettons nos forces et nos finesses en commun pour changer la vie et le monde.
Les textes subversifs sont nombreux et c’est partout hors des circuits spectaculaires-marchands (et même au sein de ces circuits, des fois) qu’il est possible d’en trouver. En mettant de côté une puis deux puis trois brochures, jusqu’à en avoir une ou deux ou trois dizaines, il ne reste plus qu’à photocopier tout ça en plusieurs exemplaires et trouver un lieu où les poser pour que chacun-e puisse venir les feuilleter et les emporter. Alors nous bichonnons les photocopieuses, nous récupérons du papier à foison, nous faisons jouer les réseaux de connaissances, le bouche à oreille. "Tiens, la semaine dernière on parlait des catastrophes écologiques en Amérique trans-caucasienne. Ben figure-toi que je suis tombé sur une brochure qui en parle : je te la photocopie et je te la passe". Nous aimons ces moyens de communication directe, nous aimons le do it yourself, l’auto-production, la débrouille, nous aimons ces modes de diffusion autonomes.
Dans le monde merveilleux des infokiosques, l’information n’est pas soumise aux logiques commerciales, publicitaires, spectaculaires, financières qui ligotent les médias classiques et puissants. Elle n’est pas centralisée, standardisée, reproduite à l’identique en quantités industrielles et officielles. L’information est réappropriée par des individus, des collectifs, rediffusée au gré des envies et des luttes sociales. On n’en revient pas pour autant à la rumeur, vu que les données transmises sont en principe vérifiables, en tout cas écrites, et donc déformables uniquement de manière consciente. Et l’information ne reste pas non plus forcément dans le cercle du voisinage : si l’échelle de diffusion des infokiosques n’est pas monstrueuse, elle n’est pas pour autant insignifiante. Elle mobilise d’autres moyens, elle mobilise les circuits invisibles des relations humaines, et peut se répandre bien plus qu’on ne se l’imagine.
Il y a des infokiosques dans plusieurs villes de plusieurs pays, dans des lieux autogérés, des squats ou des lieux associatifs... S’y trouvent plein de lectures à emporter, généralement à prix libre ou "pas cher", car le but ici n’est pas de gagner de l’argent mais de diffuser des idées, des théories, des pratiques mises sur papier. En plus de ne pas faire d’argent, les infokiosques n’ont généralement pas d’existence légale. Ce sont des collectifs anonymes et des "zones d’autonomie temporaire" (plus ou moins temporaire, selon les lieux dans lesquels ils se trouvent). Il existe aussi des infokiosques virtuels, comme infokiosques.net...
L’anti-copyright et l’anonymat mis en ligne le 5 décembre 2003.
En furetant dans un infokiosque vous croiserez presque toujours des brochures estampillées "no-copyright" ou "copyleft". L’absence de copyright vous laisse le soin de vous réapproprier les textes, de les améliorer, de les réécrire, de les photocopiller à satiété, de les diffuser sans limites. Le savoir doit quitter la sphère marchande, les logiques propriétaires (refuser la propriété intellectuelle, c’est participer à la lutte contre la propriété privée), et circuler sans entraves... Tout ce qui est lisible sur ce site est libre de tout copyright.
L’anonymat s’ajoute parfois à l’anti-copyright : vous croiserez parfois des brochures non signées. Qui les a écrites ? Peu importe. L’important c’est le contenu de ces brochures, pas leur source (même si le contexte de l’écriture d’un texte, son origine sociale, peut avoir une signification non négligeable) : une signature n’apporte pas toujours quelque chose à un texte théorique. L’anonymat peut être un choix politique, un assaut contre la propriété intellectuelle, un acte gratuit pour un savoir réellement libre et collectif, sans stars de l’écriture, sans idoles intouchables. L’anonymat n’est pas une fuite : souvent les auteur-e-s restent joignables par une adresse électronique ; vous pouvez y envoyer des critiques, et vous pourrez en discuter d’égales à égaux.
Comment monter un infokiosque ? mis en ligne le 15 septembre 2003.
Voici un mode d’emploi dont s’inspirer, à dépasser bien sûr. Pour monter un infokiosque il vous faut :
un collectif
de l’espace
des choses à lire
des outils et des meubles
des horaires
de l’attirance pour la lecture et pour le tri
du temps
des ami-e-s
et éventuellement :
un mode d’emploi
de quoi boire un jus de fruits ou une tisane
un bon plan photocopies
plein de papier
un ordinateur
des thunes
Voyons un peu tout cela en détail. Pour un infokiosque, il vous faut donc :
UN COLLECTIF : Un infokiosque ça demande de l’énergie (du temps surtout), et à plusieurs c’est drôlement plus enthousiasmant. Bon, il n’y a pas forcément besoin d’être mille mais c’est plus facile de faire plusieurs permanences d’ouverture par semaine quand on est plus de deux...
DE L’ESPACE : Prenez votre pince monseigneur, trouvez une jolie maison vide avec une vitrine au rez-de-chaussée si vous le pouvez, potassez le squat de A à Z (trouvable sur squat !net), et occupez dans la joie et la bonne humeur. Si le climat dans votre ville fleure le répressif aigü, ou si vous n’êtes pas assez nombreux-euses pour tenir un squat (il est déconseillé d’ouvrir un squat seulement pour y mettre un infokiosque - le risque d’expulsion pour un squat sans habitant-e-s est généralement décuplé), essayez de vous arranger en frappant aux portes de lieux associatifs voire de locaux syndicaux (mais bon, ne vous faites pas trop d’illusions non plus)...
DES CHOSES A LIRE : Faites vous une idée de ce que vous voulez diffuser dans votre infokiosque, brochures, bouquins, revues, etc. Faites des provisions de brochures en allant dans d’autres infokiosques ou en écrivant à des distros, puis photocopiez allègrement ! Ecrivez aux périodiques militants qui vous bottent et aux maisons d’édition indépendantes en présentant votre projet et en leur demandant si vous pouvez avoir un stock de ce qui vous intéresse en dépôt-vente (demandez une remise, celle-ci est parfois avantageuse pour les projets plus ou moins révolutionnaires comme le vôtre et cela vous permettra de vendre des lectures parfois assez chères à un prix plus que réduit).
DES MEUBLES ET DES OUTILS : Une fois trouvé de l’espace et de quoi lire, ratissez les encombrants de votre ville, guettez les déchetteries, ou bricolez-vous les étagères et autres placards qui serviront de rayonnages pour les trésors que vous aurez dégotés à droite à gauche. Donnez un coup de peinture aux meubles, punaisez des affiches, rafistolez des jolies lampes, confectionnez des présentoirs pour vos lectures favorites, amusez-vous, enjolivez le lieu... Les brochures n’ont pas vraiment leur place sur des rayons, vue leur tranche ultra-fine, qui les rend invisibles entre les autres livres. Vous pouvez vous bricoler des bacs à brochures, et les ranger dedans, couverture face aux lecteurices ; avec du fil et des pinces à linge vous pouvez aussi les suspendre et en recouvrir des murs entiers.
UN MODE D’EMPLOI : Dans un infokiosque il y a parfois des lecteurices qui débarquent, le nez en l’air, pas forcément habitué-e-s à ce genre de lieux... Expliquez-leur bien le fonctionnement de votre infokiosque, le pourquoi du prix libre ou de la gratuité. Vous pouvez doter votre infokiosque de panneaux explicatifs (modes d’emploi, significations politiques) peints sur du bois ou du carton par exemple, ce ne sera jamais de trop.
DE QUOI BOIRE UNE TISANE OU UN JUS DE FRUITS : Mmmmh, qu’il est bon de se sentir dans un infokiosque comme dans une douillette bibliothèque... Un poêle et de bons fauteuils (même un peu recousus) agrémenteront notoirement le lieu, et beaucoup auront envie d’y passer de longues après-midis, plongé-e-s dans des pages et des pages de subversion... Des boissons chaudes ou fraîches à disposition c’est un peu du luxe mais c’est pas de refus (même si les taches de jus de fruits sur les bouquins c’est pas ce qui se fait de mieux mais bon...), vive la lecture qui désaltère sans altérer la révolte qui est en nous.
DES HORAIRES : A vous de voir quelles sont vos disponibilités, et de fixer des permanences régulières : tous les dimanches après-midi, tous les mercredis soir... Ou les deux... Faites des affiches à placarder dans des lieux stratégiques, ou des tracts à faire circuler. Si vous en avez l’énergie vous pouvez égayer vos permanences de lectures à haute voix, de présentations de brochures ou de nouvelles parutions, de débats sur un thème précis, de projections... Les lecteurices viendront certainement plus nombreux-euses. Si dans le même bâtiment que celui qui vous héberge il y a d’autres événements publics, profitez-en pour ouvrir l’infokiosque en même temps : les visiteureuses viendront y jeter un coup d’œil à coup sûr.
DE L’ATTIRANCE POUR LA LECTURE : Une fois passée la première vague d’acquisitions, l’infokiosque continuera à tourner, vous recevrez des nouvelles publications, vous en trouverez à droite à gauche, peut-être même en éditerez-vous vous-mêmes tellement ça vous donnera envie... Avoir envie de lire ça peut paraître évident, mais quand on gère un lieu où circulent plein de textes on peut avoir des tonnes de choses à lire. Il ne s’agit pas forcément d’avoir tou-te-s tout lu mais au moins qu’il y ait un accord collectif sur la décision de distribuer tel ou tel ouvrage (et pour ça c’est quand même plus facile si au moins l’un-e d’entre vous sait de quoi il en retourne pour l’ouvrage en question).
DU GOÛT POUR LE TRI : Préparez-vous le plus tôt possible un système de tri et de classement, sinon vous aurez vite fait d’être enseveli-e-s sous des piles dégoulinantes de papier. Rangez les lectures en fonction de leur format, puis au choix, par ordre alphabétique ou par thème. Récupérez des classeurs et des pochettes plastiques pour ranger vos précieux originaux. Vous les sortirez pour les photocopier quand certaines brochures seront hors-stock (et ça arrive plus vite que ce qu’on croit, si vous avez de quoi stocker n’hésitez pas à photocopier une cinquantaine d’exemplaires d’une même brochure, ça peut vous éviter de retourner photocopier la même brochure toutes les deux semaines...).
UN BON PLAN PHOTOCOPIES : Si vous avez votre propre matériel de reproduction alors c’est parfait. Espérons que la maintenance ne soit pas trop pénible... Si vous devez faire ça ailleurs, chez un-e commerçant-e (des fois on n’a pas trop le choix...) par exemple, cherchez un endroit "bon marché", où les employé-e-s ne sont pas trop chiant-e-s, avec un peu de chance vous trouverez parmi elles/eux des complices à votre petite entreprise de subversion. Achetez la carte la plus avantageuse à l’unité (jusqu’à 10000 copies souvent), quitte à sortir pas mal de thunes d’un coup... Ca abaissera le coût des photocopies et si vous êtes à plusieurs dessus, les 10000 copies partiront vite. Emmenez les originaux des brochures que vous voulez diffuser dans votre infokiosque, c’est-à-dire des copies de bonne qualité, en noir sur papier blanc non agrafé. Et faites-en le nombre nécessaire de photocopies pour pouvoir remplir votre infokiosque de lectures terriblement bouleversantes.
PLEIN DE PAPIER : Gardez un œil sur les récups de bureaux, d’imprimeries, etc., vous tomberez bien vite sur des chutes de papier, parfois même sur des ramettes de papier A4, réutilisables chez votre photocopieureuse favori-te. Si ce-tte dernier-e n’est pas trop buté-e sur la légalité, ille vous fera une ristourne vu que vous fournissez le papier. Trouvez du papier de couleur, voire cartonné, et ça vous fera des jolies couvertures pour les brochures. Si vous n’avez pas la chance de dénicher des récups, vous pouvez acheter du papier recyclé, voire en fabriquer.
UN ORDINATEUR : Un luxe parmi d’autres ; l’ordinateur est facultatif mais il vous sera bien utile si vous souhaitez écrire et/ou mettre en page vos propres brochures. Avec un accès à Internet, vous pouvez trouver des dizaines de textes qui n’attendent que vous pour être édités, ou au moins, vous pourrez y trouver des brochures prêtes à imprimer (souvent au format .pdf) que vous pourrez ensuite diffuser avec votre infokiosque. Bien sûr, avec infokiosques.net, vous pourrez faire connaître votre infokiosque (notamment via la liste d’information), vous mettre en réseau avec d’autres infokiosques ou distros, et pourquoi pas participer à la vie du site infokiosques.net...
PARFOIS DES THUNES : Si par malheur vous avez des dépenses (toujours difficile d’y échapper), faites participer les lecteurices, sans tomber dans un schéma marchand. Dans un coin de l’infokiosque, bien en vue, placez une jolie tirelire et intitulez-la « caisse de soutien », les gens y mettront ce qu’ils veulent. Ils apprécieront sans doute un bilan des dépenses de l’infokiosque, affiché à côté, qui rend visible les besoins financiers d’un lieu comme le vôtre, et qui les informe sur ce à quoi servira leur contribution. En espérant que vous n’aurez pas à payer ni un loyer de 200 euros par mois ni des meubles que vous pourriez tout aussi bien trouver dans des déchetteries ou construire vous-mêmes. En se débrouillant bien, on finit par ne plus payer grand chose.
DU TEMPS : Le remède aux thunes, et la recette de brochures gratuites (parce que prix libre c’est bien mais la gratuité c’est mieux), c’est le temps. Le temps que vous passerez à fabriquer ce qu’il vous faut, à fouiller la ville pour accumuler tous les plans récup imaginables, ou les meilleurs endroits pour dissimuler des choses sous votre manteau ou ailleurs. Du temps vous sera nécessaire de toute façon, il ne faut pas se leurrer, parce qu’un infokiosque en prend : permanences, lectures, photocopies, récups, etc.
ET SURTOUT, DES AMI-E-S : Parce que les circuits de relations humaines sont toujours la meilleure alternative à l’argent. Communiquez autour de vous sur votre projet, sur le matériel que vous cherchez en ce moment, sur ce qui vous manque, vous verrez que des solutions vous tomberont progressivement entre les mains. Des associations vous fileront leur vieille offset, des employé-e-s de bureau vous refourgueront du toner pour nourrir la photocopieuse que vous aurez récupérée auprès d’autres connaissances. Jouez sur le bouche-à-oreille pour la récup et bien sûr, pour faire connaître l’infokiosque.
D’AUTRES IDEES ENCORE : Vous pouvez ajouter une bibliothèque à votre infokiosque, en récoltant de chouettes bouquins, en vous abonnant à de chouettes revues, en organisant un système de prêt gratuit. Vous pouvez aussi monter une distro, en diffusant des brochures par correspondance, en allant tenir des tables de presse un peu partout, à l’entrée d’un concert, d’un débat, dans un festival, à la fin d’une manif, au marché, à un arrêt de bus, à la fac...
Féminiser les textes mis en ligne le 5 décembre 2003.
Certains textes, dans les infokiosques, sont féminisés : truffés de -e, de E, de /euse, de terminaisons hybrides et néologiques. Par "féminiser" le langage, on entend bousculer cette bonne vieille grammaire, qui voudrait faire primer le masculin sur le féminin. Cet état de fait n’est pas anodin. Le langage est un reflet de notre société patriarcale : non seulement il catégorise tout ou presque en deux genres sexués, mais en plus il entretient la domination d’un genre sur l’autre. Parce qu’il est notre premier mode d’expression, il a une fonction fondamentale, et peut être utilisé à bien des fins. S’il est structuré, le langage est également structurant : il conditionne notre pensée, la formate. Le langage guide notre vision du monde. Remodeler le langage c’est refuser une domination, construire d’autres inconscients collectifs.
En cela, la féminisation nous semble bien sûr insuffisante puisqu’elle conserve en elle la division en genres masculin et féminin. Mais révolutionner complètement le langage est une tâche lourde, qui prend du temps autant pour réfléchir et construire cette révolution que pour la pratiquer, la vivre "spontanément". Le langage, les mots, les expressions, ça vient "tout seul", par habitude, mais ça ne vient pourtant pas de nulle part...
Le prix libre mis en ligne le 5 décembre 2003.
Problème.
Mettons qu’un infokiosque n’a pas encore trouvé les contacts et les techniques pour se procurer gratuitement papier, encre, machines à imprimer. Il veut quand même répandre des brochures alors il va les photocopier à la boutique du coin. Mettons que la brochure sur les catastrophes écologiques en Amérique trans-caucasienne coûte 2 francs 6 sous à photocopier. L’infokiosque ne veut pas perdre de l’argent à diffuser cette publication, mais il ne veut pas non plus faire du profit dessus, parce qu’il n’aime pas les logiques marchandes. A combien la vend-il ?
Solutions.
A prix coûtant : 2 francs 6 sous.
Ou bien : à prix libre. Dans le prix libre, ce n’est pas le/la vendeur/euse (l’infokiosque) qui fixe le prix, mais l’acquéreur/euse, l’usager-e (le/la futur-e lectriceur de la brochure). La lectrice A, qui est dans une situation économique médiocre, ne donnera si elle le veut, et sans culpabilité, qu’1 franc 3 sous. Par contre le lecteur B, lui, qui roule plutôt sur l’or ou qui veut donner un coup de pouce à l’infokiosque, choisira peut-être de donner 3 francs 9 sous. On estime en effet, généralement, que le beaucoup d’argent donné par les lecteurices de type B compense le peu d’argent donné par les lecteurices de type A. L’idée est que l’argent, le prix, ne soit jamais un obstacle à l’accès aux brochures, que l’infokiosque puisse tourner en s’adaptant aux moyens des lecteurices. Tu donnes ce que tu peux, ce que tu veux. Une autre idée importante du prix libre, c’est qu’il demande au lecteur ou à la lectrice un moment de questionnement : combien vais-je donner ? Quels sont mes moyens ? Quels sont les dépenses de cet infokiosque, qui a aussi besoin de moi pour tourner ? A quel point puis-je ou ai-je envie de participer ? On s’éloigne ainsi d’une attitude purement consommatrice, où la somme qu’on donne (le prix fixe de 2 francs 6 sous par exemple) est soit un geste rapide et machinal, soit un geste effectué à contre-coeur. On instille dans "l’achat" un peu plus de lucidité, d’autonomie, de démarche active. Le lectrice ou la lecteur sont des égales et des égaux, dignes de confiance, de compréhension et d’intelligence, et pas des client-e-s à pigeonner.
Bien sûr, un des objectifs restant l’abolition de l’argent, nous apprécions plus que tout la gratuité quand cela est possible. Nous pensons, à l’inverse du poncif qui veut que "si c’est gratuit, c’est que ça doit pas être génial", que si un texte est gratuit, c’est qu’il a l’intelligence de ne pas monnayer sa qualité.