Source :
http://jenaipasconsenti.tumblr.com/post/111186056388/mon-consentement-cest-pas-negociable
La récente polémique autour de la pratique des examens intimes réalisés à but de formation par des étudiants en médecine sur des patients anesthésiés a montré que la notion de consentement était encore parfois mal comprise, et mal acceptée voire totalement déniée.
Consentir, ce n’est se pas taire, ce n’est pas seulement prononcer le mot “oui”. Consentir, c’est décider pour soi-même, en son âme et conscience, après avoir été informé-e d’une façon complète, sincère, sans pression morale, et sans violence.
Cela fait 4 ans que je reçois des témoignages divers en faisant vivre le site Les Vendredis Intellos. Beaucoup de femmes y ont raconté comment, parce qu’elles attendaient un enfant, parce qu’elles en espéraient un, parce qu’elles n’en voulaient pas, se sont vues réduites au statut d’utérus sur pattes. Dans beaucoup d’épisodes rapportés le consentement était inexistant, parfois il était soutiré, sous contrainte, menace, et faisait donc cruellement défaut. Ces situations sont “banales”, “ordinaires”, mais non moins révoltantes. Les femmes pensent trop souvent qu’elles sont normales, que c’est le tribu des femmes que de devoir souffrir ainsi. Voici quelques uns de leurs échos…
Quand on m’a dit que j’étais une mère indigne de refuser le dépistage de la trisomie 21 pour mon bébé à naitre, je n’ai pas consenti.
Quand on a invité une kyrielle d’étudiants à venir assister à mon accouchement et à regarder mon sexe ensanglanté, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a appuyé sur le ventre, pour sortir mon bébé en dépit de la dangerosité de ce geste, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a fait une épisiotomie, sans même me prévenir parce que j’aurais pu me “retenir”, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a dit que j’allais tuer mon bébé à vouloir accoucher sans césarienne d’un siège, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a dit que si je ne voulais pas de péridurale, je n’avais qu’à aller accoucher dans la jungle, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a dit d’arrêter de faire ma chochotte quand, lors d’un toucher vaginal en plein travail, on a tenté de forcer l’ouverture de mon col, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a tapé sur les fesses en descendant de la table d’examen du gynécologue, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a menacée de forceps parce que je ne poussais pas assez fort, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a enlevé ma culotte pour m’examiner alors même que j’étais en plein malaise vagal, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a dit que si je voulais avoir recours à une sage femme libérale pour un accouchement à domicile on me dénoncerait à la PMI, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a dit que si je continuais à poser des questions, je n’avais qu’à aller me faire suivre ailleurs, je n’ai pas consenti.
Quand on m’a fait un décollement de membrane, sans m’avertir, parce que c’était veille de départ en vacances et que ce serait cool que j’accouche vite, je n’ai pas consenti.
Le consentement, est une notion essentielle, une notion qui nous permet de vivre ensemble, dans le respect des uns et des autres. Il y a encore 20 ans, la notion de viol conjugal était inexistante (le consentement étant supposé acquis entre époux), il y a 15 ans il était inconnu dans la sphère médicale (Loi Kouchner sur le consentement, 2002), c’est une notion vivante, qui vise la construction d’une société plus douce pour ceux qui décident d’y prendre part. Marchons ensemble!
Béatrice Kammerer
Si vous avez un témoignage lié au défaut de consentement dans les actes médicaux, vous pouvez cliquer sur “Soumettre un témoignage” dans la colonne de gauche ou envoyer un mail à l’adresse tvsousag@gmail.com.