Bon, en matière d’amélioration de notre « empreinte écologique », c’est-à-dire entre autres une réduction drastique des déchets que nous relâchons dans notre environnement, il existe un domaine vachement lourd et rarement discuté : le cycle féminin et toutes ses « humides » caractéristiques :-)
Bon, là je sais que je touche à un sujet sensible, et que l’étonnement voire le dégoût que certains éprouveront à la lecture de ce qui suit va chercher ses racines bien profondément dans un certain rapport au corps beaucoup trop aseptisé et déformé à mon goût … mais c’est un vaste débat.
Disons pour faire court que bien peu de femmes – et d’hommes aussi bien sûr, mais ce n’est pas le sujet ici - ont avec leur corps un rapport d’amour et de connaissance réel, bien au contraire.
Il faut éliminer les odeurs, les poils, les humeurs … rien ne doit se voir ni se sentir … bref, on musèle et on rabote tout ça parce que ce n’est « pas propre » et que surtout, surtout, personne ne doit soupçonner sous le vernis propret des femmes actuelles qu’elles aussi peuvent faire des choses aussi triviales qu’uriner, déféquer, roter, avoir des poils et sentir la bête :-) :-p
Alors les règles ! Je ne vous dis pas … c’est le summum de LA chose à éliminer sans même y toucher, sans un regard, vite vite comme si on planquait un cadavre ! Beurk !
Eh bien non !
Les règles ça fait partie de notre féminité. Au même titre que toutes les manifestations de notre corps et de notre cycle.
Bon d’accord, notre cycle, pour la plupart des femmes ça ne signifie plus grand chose, tout emprisonnées qu’elles sont dans leur armure hormonale (comprendre la pilule contraceptive), incapable de savoir reconnaître en elles une ovulation ou un début de grossesse :-(
Je parlerai dans un autre article de la « vraie » liberté, qui consiste selon moi à ne plus avoir besoin de recours extérieur, qu’il soit chimique ou mécanique, pour gérer sa fertilité et sa féminité, et vivre en harmonie avec soi, s’écouter, connaître son corps sur le bout des doigts …
Mais le sang des règles, et j’y tiens, n’a rien de « sale » ou de dégoûtant.
C’est notre utérus, en bon « nid », qui s’est préparé pendant 15 jours à recevoir un éventuel bébé, qui s’est gorgé de ce sang et s’est conditionné pour protéger et nourrir au mieux un fœtus qui désirerait s’y loger. Bébé n’est pas au rendez-vous, alors tout ce précieux liquide s’écoule, chaud et humide, entre nos cuisses, pour recommencer un nouveau cycle de vie.
C’est beau au contraire, ce sang chaud, c’est la puissance de la vie qui s’exprime !
Ce n’est ni une honte ni une fatalité, c’est au contraire une célébration, une ode à l’univers auquel nous nous relions.
D’ailleurs, dans les cultures plus anciennes et moins cérébrales que la nôtre, le moment des règles était souvent considéré comme un moment de grande puissance et d’ouverture aux messages de la nature.
BREF. Venons-en au pratique :
Ces fameuses serviettes hygiéniques et autres tampons avec ou sans applicateur qui sont, eux, les réels « déchets », et non le sang qu’ils ont absorbé.
Et quels déchets !
Histoire de bien se représenter l’importance du sujet, faisons un rapide calcul théorique de la consommation de chaque femme en protections jetables …
Disons pour être raisonnable qu’une femme va utiliser en moyenne 6 protections par 24h, et ce pendant 3 jours (ça me semble vraiment très très modéré comme projection, non ?)
Ca nous donne 18 protections par cycle. Pour 1 an (soit 13 cycles), on arrive à 234 protections « offertes » à la nature. En multipliant cela par … disons 32 années de fécondité (règles débutant à 13 ans et se terminant à 45), ça nous donne 7488 protections au total !!!
Sachant que les dites protections mettent en moyenne 400 à 500 années pour se dégrader entièrement … on a une belle vision d’apocalypse, au milieu de montagnes de Tampax, OB, Vania et autres Always …
Wouaow .....................
Pour continuer la projection : l’europe des 25 représente à l’heure actuelle presque 500 millions d’habitants, tandis que l’Amérique du Nord en compte autant.
Le Japon a 127 millions d’habitants à ce jour …
Si même on ne prenait en compte que ces chiffres là, (en les divisant forcément par deux) et en imaginant que nulle part ailleurs on ne pollue avec ce type de déchets, on en arrive à un chiffre qui ne tient évidemment plus sur ma calculette !!!!!!
Voilà pour l’impact sur l’environnement.
En ce qui concerne l’impact sur la santé des femmes, il ne faut pas négliger non plus le fait que les tampons contiennent des produits qui ne sont pas très bénéfiques au fragile équilibre de la flore vaginale, ni à notre santé tout court : hydrocarbures, aluminium, parfums de synthèse, alcools … qui chez nombre de femmes peuvent être à l’origine d’irritations, de démangeaisons et de réactions allergiques plus ou moins gênantes.
Sans compter la star incontestée de tout cela : la dioxine, dérivé chloré utilisé pour la blanchiment de ces petites choses soi-disant indispensables.
Ah oui : la dioxine (vous savez, ce super truc qui a fait tant de bien aux habitants de Seveso …) se mesure en quantités « presque indécelables » selon les fabricants.
Oui, peut-être. Mais même si on les croyait quand ils nous affirment cela (et pourquoi ils nous mentiraient hein ? ;-)) ... la dioxine, c'est une de ses caractéristiques, ne s’élimine jamais de notre corps. Elle s’y accumule et s’y accumule.
Etant donné que les tampons contiennent, pour être « super absorbants », de la rayonne, laquelle fibre, abrasive par nature, cause souvent de micro-blessures aux parois vaginales, et que dans ces blessures viennent se loger et s’enfermer à la cicatrisation des particules provenant des tampons … personnellement, je ne préfère pas m’amuser à parier sur ce qui s’installe ainsi à demeure dans mon vagin
Il y a aussi les pesticides, utilisé en quantités énormes sur les cultures de coton ( la culture du coton représente à elle seule plus de 40% de l’utilisation MONDIALE de pesticides).
On l’aura compris, il y a moyen de faire mieux pour tout le monde, et c’est une action individuelle que chacune peut prendre pour le bénéfice de tout le monde, à commencer par le sien propre !
Bien entendu, on peut déjà opter pour des protections en coton non blanchis, ce qui limite l’impact sur l’environnement et la santé, mais ne diminue en rien la quantité de déchets produits, malheureusement.
Non, les véritables alternatives sont au nombre de 3 : la coupe menstruelle (Keeper, MoonCup, DivaCup), les éponges menstruelles (mensi) et les serviettes lavables.
Toutes sont efficaces, confortables, bon marché et respectueuses de notre corps et de la nature. A chacune de voir ce qui lui convient le mieux, ou de combiner plusieurs d’entre elles.
Fabriquée soit en latex (Keeper, avec les risques d'allergie qui y sont liés) soit en silicone (Mooncup et Divacup), cette petite chose qui ressemble à première vue à une sucette géante, ou à quelque gadget pornographique étrange (véridique, je connais des hommes qui ont eu cette interprétation de l’objet en déballant le colis de leur compagne !) est devenue pour moi absolument indispensable.
Elle s’introduit dans le vagin, moyennant un tout petit peu d’entraînement préalable pour certaines femmes moins à l’aise avec leur anatomie, et vient se ventouser autour du col de l’utérus. Elle recueille ensuite le sang qui s’écoule, et se vide aussi souvent que nécessaire (étant donné sa capacité de 28 g, 2 à 4 fois par jour suffisent généralement largement pour des règles « normales »). Il suffit de rincer l’objet à l’eau froide et de le remettre en place immédiatement. On peut le savonner au savon naturel si on le désire, et/ou le faire bouillir entre les cycles, soit encore le faire tremper dans un bol avec quelques gouttes d’H.E. de Tea Tree.
Avec l’habitude, l’opération se déroule en un clin d’œil, et quelques mouvement pelviens suffisent à installer la coupe bien en place.
Pour les déplacements, il est toujours possible d’avoir sur soi une petite bouteille d’eau additionnée d’extrait de pépin de pamplemousse ou d’H.E. de Tea Tree si on craint de ne pas trouver de lavabo pour effectuer l’opération et se laver les mains. Cependant, étant donné que la coupe ne doit vraiment pas se changer souvent, il est rare de se retrouver bloqué avec une mooncup qui déborde !
Les avantages sont multiples, outre bien entendu que c’est entièrement respectueux de notre environnement :
- Economie : investissement d’environ une trentaine d’euros, UNE SEULE FOIS et pour au minimum 10 ans (calculez en combien de mois vous arrivez à cette somme en achetant des protections classiques …)
- Facilité d’utilisation
- Efficacité totale (pas de fuites ni d’odeurs) – Parfait pour la nuit ou pour le sport.
- Confort total (personnellement, je ne la sens absolument plus quand elle est en place, au point qu’il m’arrive fréquemment de l’oublier en fin de cycle ! :-o), alors qu’avec un tampon, quand il commence à être « rempli », ça devient souvent inconfortable.
- Hygiène
- Pas de risque de choc toxique staphyloccoccique, pas de dépôts de fibres étrangères sur les parois vaginales, pas d’absorbtion du mucus naturel, ce qui permet ainsi à celui-ci de continuer à remplir ses fonctions protectrices et nettoyantes.
Les inconvénients :
Je n'en vois franchement pas à priori, mis à part que chez certaines femmes, la cup peut induit une gêne voire une douleur au niveau du col de l'utérus. Je le sais par expérience. Après plusieurs années d'utilisation, j'ai fini par avoir mal au bout de quelques heures de mooncup, de façon parfois très intense. Peut-être est-ce dû à une descente du col de l'utérus, ou à une hypersensibilité de cause inconnue. Toujours est-il que désormais, j'utilise le éponges pour mon plus grand confort.
Pour tout savoir sur le sujet, je vous conseille vivement le WIKI d'On Peut Le Faire :
http://www.onpeutlefaire.com/guide-pratique-des-coupes-menstruelles
Pour en acheter (entre autres) :
Les éponges menstruelles
Encore appelées « mensi », il s’agit ici d’éponges naturelles coupées en morceaux plus ou moins petits, de forme bien entendu irrégulière, qu’on introduit dans le vagin exactement de la même manière qu’un tampon sans applicateur. On les mouille pour bien les imbiber, on les essore et on les introduit bien compressées dans le vagin, où elles vont "s'étaler" tranquillement et absorber votre flux.
Elles sont très absorbantes, et surtout incroyablement douces.
Quand elles sont pleines, on les retire et on les rince simplement sous l’eau froide d’abord (pour le sang), sous l’eau chaude ensuite (pour dissoudre les glaires), on les tord et on les remet en place. On peut également les savonner au savon naturel, mais il est conseillé de ne pas le faire systématiquement, car cela détruit plus vite l'éponge.
Pour les règles fort abondantes, on peut sans difficulté en mettre deux en même temps, vu que pour les introduire, on les « presse » dans le main, et qu’elles deviennant ainsi minuscules, et ne reprennent « leurs aises » qu’une fois mises en place.
On peut, comme la mooncup, les désinfecter entre les périodes de menstruations, et ensuite on les laisse sécher jusqu’à la prochaine utilisation. On les stocke dans un petit sac en coton.
En tout cas, pour les utiliser à chaque cyclé désormais (je préfère cela à la mooncup pour finir, c'est une question de douceur), je peux attester qu’elles ne deviennent pas des « nids à microbes » comme certaines le craignent, ne sentent absolument pas et ne causent aucune irritation interne.
Les avantages :
- Une extrême douceur et un grand confort.
- En outre, elles permettent d’avoir des rapports sexuels pendant les règles, ce qui peut être un plus pour certains couples. Cela ne gène absolument pas à la pénétration, et permet d'éviter de mettre du sang partout.
- On peut facilement les fabriquer soi-même, en achetant une éponge naturelle entière, non traitée, et en la coupant en morceaux de la taille qui nous convient. C'est d'ailleurs ce que je fais personnellement. Après un premier "lot" qui a fait son temps, j'ai racheté deux fois une petite éponge naturelle et j'ai découpé à ma convenance. Il faut cependant savoir que certaines "qualité" d'éponges absorbent moins bien que d'autres.
Les inconvénients :
- Durée de vie assez limitée. Au bout d’un an environ, elles commencent à « s’effriter » un peu et perdent de leur capacité d’absorption. Il faut donc les renouveler plus fréquemment qu’une coupe menstruelle, mais par contre leur coût est bien moindre (pour 10€, on a une belle grosse éponge qui peut nous faire au minimum une dizaine d'éponges menstruelles, soit plusieurs années d'utilisation).
- Elles ont également le désavantage, comme les tampons, de laisser parfois s’écouler un peu de liquide rosé (glaires mal absorbées teintées d’un peu de sang dilué) dans la culotte. A savoir. Perso , les jours de grand flux, je les combine avec une serviette lavable au cas où.
Ou "lunapads", pour celles qui préfèrent ne pas avoir affaire à l’intérieur de leur vagin ;-), ou qui préfèrent la sensation d’une protection externe, il existe les serviettes lavables.
On peut également les combiner avec les éponges, pour un confort et une hygiène totale, ou les garder pour les fins de flux quand une protection interne gêne plus qu’autre chose.
Elles peuvent être en différentes matières : éponge, flannelle, coton, polaire … et de différents modèles : avec une couche imperméable ou non, avec inserts (épaisseur absorbante que l’on rajoute à un support) …
Elles ont généralement des ailettes que l’on fixe sous la culotte, soit par un velcro soit par un bouton pression.
Elles se rincent après usage pour retirer le gros du sang, et se lavent en machine, tout comme les couches lavables, les serviettes de bain ou n’importe quel linge.
Il en existe de différents modèles, mais elles sont souvent sur le même principe que les couches lavables pour bébés : une "base" qui se fixe à la culotte par un velcro ou une pression, sur laquelle on peut ajouter des "trempeurs" à volonté selon l'importance du flux.
Elles peuvent également servir pour les petites fuites d’incontinence, de la même manière que les serviettes du commerce destinées à cet usage.
Il existe des sites qui en vendent bien sûr, mais c’est également extrêmement facile et bon marché à confectionner soi-même. Il suffit de quelques chutes de tissu, d’un peu de velcro, et le tour est joué. Même pas besoin que les coutures soit droites ou le tissu joli, vu l’usage auquel cet ouvrage est destiné ! ;-))
F. Jeurissen - Tinuviel
septembre 2005