Que ce soit l’engorgement des tout débuts de l’allaitement (la fameuse « montée de lait » improprement nommée), ou bien les petits épisodes plus ou moins fréquents d’engorgements passagers et localisés qui émaillent une allaitement long, il existe un certain nombre de trucs qui peuvent aider à accompagner ces petits ou grandes douleurs vers un mieux-être. Je me propose ici d’essayer d’en faire le tour.
La « montée de lait »
Absolument pas sytématique ou obligatoire, absolument pas non plus le reflet d’un allaitement « bien » ou « mal » conduit, cette congestion mammaire des premiers jours affectera de manière plus ou moins importante et douloureuse certaines femmes, tandis qu’il en épargnera d’autres. Inutile de chercher à y voir punition ou erreur personnelle : nous sommes inégales devant la nature, et c’est tout.
Personnellement, j’ai vécu 4 allaitements et tout autant de méga-congestions, et même de plus en plus douloureuses au fur et à mesure du temps, alors que mon « expérience » de mère allaitante s’agrandissait solidement.
Rien à voir donc, j’en suis intimement convaincue, malgré les conseils et leçons que l’on peut parfois lire de ci de là à ce propos.
Et s’il existe une raison physiologique, je ne la connais pas.
Les indurations/inflammations locales
Souvent le résultat d’un canal lactifère engorgé ou « bouché », elles apparaissent également fréquemment suite à une période de stress, de refroidissement de l’organisme, ou de moindre « bien-être » physique : rhume et dérivés notamment. Mais le plus souvent on ignore la raison de leur apparition.
Elles peuvent avoir lieu n’importe quand durant l’allaitement, aussi bien dans les premières semaines qu’après 2 ou 3 ans d’allaitement.
Ca commence souvent par une gêne, qui assez vite va se transformer en une douleur sourde et battante localisée à une zone assez précise, qui va devenir hypersensible.Cette douleur interne peut être couplée à une rougeur du sein, mais pas forcément. Il peut également y avoir douleur à la succion, selon la zone concernée, plus ou moins proche du mammelon.. Si on se palpe l’intérieur du sein là où ça fait mal, on rencontre généralement une petite boule dure, un « induration » qui roule sous les doigts.
Les lymphangites et les abcès
Parfois tout le sein – voire les deux – se retrouve rouge, gonflé et douloureux. On a alors affaire à ce qu’on appelle médicalement une lymphangite (ou mastite). La lymphangite s’accompagne généralement de fièvre, et d’un état « grippal » : frissons, douleurs articulaires, grosse fatigue etc …
Si l’inflammation dégénère en vraie infection, avec tuméfaction du sein et écoulement de pus, on a alors affaire à un abcès. Un test simple permet de savoir si le lait contient du pus : exprimer un peu de lait sur un coton, et constater s’il y a ou non dépôt verdâtre et éventuellement nauséabond.
Concernant la poursuite de l’allaitement dans ce dernier cas, les avis sont partagés. L’immense majorité des médecins préconise bien entendu l’arrêt de l’allaitement, ce qui est une absurdité. Tout au plus peut-on conseiller de cesser l’allaitement au sein infecté et de le drainer au tire-lait le temps que les choses rentrent dans l’ordre, tout en poursuivant l’allaitement de l’autre sein (qui s’adaptera vite au surplus de production demandé). Certains pensent même qu’il n’est pas préjudiciable à l’enfant de continuer à téter les deux seins s’il est en bonne santé, et que l’ingestion des germes pathogènes sera contrôlée par son organisme.
Pour soulager les engorgements de toutes sortes, il n’y a rien de magique malheureusement.
Seulement des petits choses qui peuvent accompagner le processus de la manière la moins douloureuse possible. A chacune encore de tester ce qui va le mieux lui convenir et d’être à l’écoute des réactions de son corps.
Les positions d’allaitement
Tout d’abord, et même si c’est l’évidence : donner à téter le plus possible ! C’est quand même la mesure n°1 pour que les choses rentrent dans l’ordre.
Mais pour aider à « débloquer » la zone indurée ou enflammée, l’idéal est de veiller à varier les positions de tétée, et surtout à trouver les positions qui vont permettre au menton du bébé de se trouver du côté de la zone à drainer. En effet, c’est par le dessous que le bébé « trait » le sein avec sa langue, et donc libère le mieux les canaux lactifères.
Une position souvent utile est celle du « ballon de rugby » (voir photo), parce qu’elle aide à libérer des endroits du sein moins souvent sollicités. Parfois, la seule solution est d’allaiter comme une louve : à 4 pattes, le sein pendant au-dessus de la bouche du bébé, orienté comme on veut.
Les massages drainants
Pendant que l’on donne à téter, on peut masser doucement la zone indurée et douloureuse. Essayer de bien circonscrire le petit nodule, et le faire rouler sous le doigts, et « l’inviter » à se diriger vers le mammelon.
Sinon, d’une manière générale, faire de très doux drainages, en massant les ganglions du sein, toujours dans la direction de la « sortie », comme si on voulait vider le fond d’un tube de dentifrice. Partir du menton et du dessous les aisselles, et essayer de drainer les fluides vers le mammelon, délicatement, par mouvements amples et enveloppants. C’est nettement plus efficace de se le faire faire par quelqu’un d’autre, si c’est possible ! :-)
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On peut aussi tenter, pour celles qui y parviennent, le massage aréolaire (*), afin de soulager un peu le sein quand le bébé ne tète pas.
Commencer par effleurer tout doucement le sein, le caresser pour le stimuler. Ensuite, exprimer le « pré-lait » en massant tout doucement l’aréole du bout des doigts, en partant du bord de l’aréole et en se dirigeant vers le mammelon. Normalement, au bout d’un moment, quelques gouttes perlent et l’aréole s’assouplit. Enfin, stimuler le mammelon en plaçant la main en coupe sous le sein, pouce au-dessus et au bord de l’aréole, et index ou majeur en-dessous, également au bord de l’aréole. Effectuer un mouvement de va et vient léger, en massant l’aréole vers l’arrière, et puis vers l’avant en ramenant doucement les doigts vers le mammelon, et ainsi de suite. La simulation d’une tétée en somme. Cela ne doit pas être douloureux, et vous ne devez pas toucher le mammelon lui-même. Au bout d’un moment, un flux se déclenche et le lait s’écoule.
* massage aréolaire
Le chaud et les variations de température
Avant et pendant que le bébé tète, ainsi qu’avant d’effectuer un massage, on peut se soulager et s’aider d’une compresse chaude, d’une douche chaude, ou faire carrément tremper son sein dans un bol d’eau tiède à chaude, selon ce que l’on supporte. La chaleur favorise la circulation des fluides, lait et lymphe, et aide ainsi au désengorgement.
Personnellement, je préfère à la compresse humide un gant de toilette sec chauffé au four (à 50°). Ca ne coule pas partout, et ça ne gêne pas pendant la tétée. L’idéal est de faire une tournante avec deux linges, l’un étant au four pendant qu’on utilise l’autre.
Ce qui peut favoriser la circulation de la lymphe, c’est également des variations de températures. La plupart des femmes se sentent nettement portées vers le chaud dans ces moments là, ce qui va dans le sens du besoin du corps, mais certaines préfèreront le froid. Une alternance froid-chaud est une bonne manière de booster le drainage et de remettre en circulation tous les fluides engorgés.
Par exemple, passer un glaçon sur toute la zone à dégorger, et puis appliquer de la chaleur, et continuer à alterner ici tant qu’on sent que ça fait « travailler » le sein.
Les différents cataplasmes
Grands alliés également : les cataplasmes.
Deux substances particulièrement indiquées : le chou et la racine de gingembre.
Pour ce qui est du chou (magique, vraiment !!), c’est très simple ; il suffit d’en prendre une belle grande feuille (n’importe quel chou convient, mais le chou vert est le plus facile à utiliser), et de repasser cette feuille au fer à vapeur pendant un moment, pour bien la lisser, la chauffer, amollir les côtes et en exprimer les sucs. Se couvrir ensuite le sein de ce cataplasmes, et éventuellement couvrir encore d’un linge chaud pour bien conserver la chaleur. Conserver une vingtaine de minutes, et faire ça environ deux fois par jour.
C’est souverain.
Le gingembre frais est également indiqué. Il aseptise, calme et décongestionne.
Réaliser une décoction avec environ 2 cuillerées de gingembre frais rapé, que l’on fait bouillir dans 1 litre d’eau pendant 5 minutes. Dès qu’on peut supporter la température, y tremper un linge et réaliser un cataplasme, à changer dès qu’il refroidit. Se fier à ses sensations pour la température idéale.
Enfin, le cataplasme d’argile, qu’on ne laissera pas sécher ( !), peut soulager la tension et l’inflammation.
Le repos
Et enfin, chose importante lors d’épisodes d’engorgements, et surtout quand ça tourne mal et que la lymphangite menace : se reposer !
Ca n’a l’air de rien, mais un engorgement important casse littéralement un organisme, et le besoin de se reposer est impérieux et indispensable. J’en témoigne !
Laisser tomber le ménage et/ou le boulot ou les réduire au minimum vital, s’octroyer de bonnes siestes sous la couette, surtout si on est fiévreux et qu’on se paie une bonne suée en prime, et on a déjà fait un grand pas vers l’amélioration :-)